2025 LME Dylan Corlay 1
Dylan Corlay
Catherine Trottmann
CLEMENT_2196@ ©Goledzinowski
Clément Ducol © Goledzinowski
Luca Mariani hautbois Site Internet
Luca Mariani
Propos d’avant concert : dès 19h, le compositeur Clément Ducol et le hautboïste Luca Mariani échangeront avec le public au sujet de Luciano Berio et du programme de ce concert hommage.
Au programme
Luciano Berio : « Folk Songs »
Clément Ducol : « Pop Songs »
Richard Wagner : « Mort d'Isolde »
Luciano Berio : « Sequenza VII» pour hautbois et ensemble
(première relecture historiquement informée
Design sonore pour l’Auditorium Ansermet: Ladislav Agabekov)
Luciano Berio : « O King »
Direction : Dylan Corlay
Chant : Catherine Trottmann
Hautbois : Luca Mariani
Ingénieur du son : Ladislav Agabekov
Informations pratiques

POP SONGS
Concert abonnement n°1

Le premier concert de la saison du Lemanic Modern Ensemble est avant tout un hommage au compositeur italien Luciano Berio à l’occasion du centenaire de sa naissance. En résonnance avec l’esprit de cette figure majeure du XXe siècle, le concert propose un voyage musical imprégné d’histoire et de traditions, chaque partie étant, d’une manière ou d’une autre, reliée à son œuvre.

Composées entre 1964 et 1969, les trois œuvres de Berio figurant au programme sont issues d’une période créatrice particulièrement riche et intense. Elle voit naitre notamment les Folks Songs, cycle de mélodies célébrant la diversité des cultures, Traces, opéra engagé traitant des conflits raciaux qui sera retiré́ du catalogue de Berio juste après sa création, Sinfonia, œuvre monde aux citations multiples considérée aujourd’hui comme l’un de ses plus grands chefs-d’œuvres et Sequenza VII pour hautbois solo. Cette dernière, interprétée par Luca Mariani dans une relecture historiquement informée, occupe une place centrale dans ce concert.

Composés en 1964, les Folk Songs rassemblent des chansons populaires issues de divers pays (Italie, France, Amérique, Azerbaijan, Arménie…) dans un projet sonore inédit: «J’avais de tout temps éprouvé un sentiment de profond malaise à l’écoute de chansons populaires (qui sont des formes d’expression spontanée du peuple) accompagnées au piano. C’est donc pour cette raison, mais aussi, par-dessus tout, pour rendre hommage à l’intelligence vocale de Cathy Berberian que j’ai écrit Folk Songs pour voix et sept instrumentistes.»[1]

Jalonnant l’œuvre de Berio tout au long de sa vie, les 14 Sequenze sont de véritables portraits-sculptures d’instruments et d’instrumentistes, faisant chacune référence à l’histoire d’un instrument ou à son répertoire. Commandée en 1969 par l’immense hautboïste Heinz Holliger – qui annonçait à Berio «avoir développé́ beaucoup de possibilités nouvelles sur son instrument» et être désireux de les voir incarnées dans une pièce pour hautbois solo – Sequenza VII occupe une place de choix dans cette série et résonne toujours aujourd’hui de manière aussi moderne et percutante.

Berio expliquait à son sujet: «Avec la Sequenza VII je poursuis la recherche d’une polyphonie virtuelle. […] La pièce est habitée d’une sorte de conflit permanent – à mon avis très expressif et parfois dramatique – entre l’extrême vélocité du phrasé instrumental et la lenteur des procédés musicaux qui déterminent le parcours.»[2]

Grace à un travail de recherche historiquement informé, basé notamment sur la correspondance de Luciano Berio, et avec la collaboration du designer sonore Ladislav Agabekov, Luca Mariani propose de mettre Sequenza VII en relation avec les techniques de traitement du son offertes par l’auditorium Ansermet, notamment dans le domaine de la spatialisation : «Ce champ d’exploration me permet de proposer un bourdon qui sonne comme une résonance du hautbois et de reconstruire une chambre réverbérante à la fois créative et respectueuse de la pensée de Berio». [Luca Mariani, Sequenza VII pour hautbois, (dé)construction d’un mythe]

L’hommage à Berio se poursuit avec O King (1968), pièce extraite de Sinfonia, qui rend hommage à la mémoire de Martin Luther King: «Le texte [chanté] est constitué simplement par l’énonciation du nom du martyr noir. Les mots et leurs composants sont soumis à une analyse musicale, elle-même partie intégrante de la structure générale de la pièce. La voix énonce les différents éléments phonétiques du nom qui est peu à peu reconstitué, jusqu’à la fin: – O Martin Luther King.»[3]

Enfin, outre sa grande admiration pour Luciano Berio, Clément Ducol partage avec lui une fascination pour la voix et les chansons populaires, qui sont son principal champ d’exploration. L’œuvre qui lui a été commandée et qui sera donnée en création mondiale proposera, à l’instar des Folk Songs, une interprétation originale de chansons, avec comme particularité de faire ressortir dans chaque pièce un instrument qui prendra provisoirement le rôle d’un soliste, créant ainsi un lien avec l’esprit des Sequenze de Berio.