2025 LME Dylan Corlay 1
Dylan Corlay
Anastasia Voltchok
Jean-Marie Paraire percussion Site Internet
Jean-Marie Paraire
Patrick-Oriol-lme-c-frederic-garcia
Patrick Oriol © Frédéric Garcia
Au programme
Erik Satie : « Parade »
(réorchestration : Dylan Corlay)
Luciano Berio : « Naturale » pour Alto solo, percussion et bande.
Maurice Ravel : « Concerto en Sol »
(arrangement de Geoff Sheil)
Direction : Dylan Corlay
Piano : Anastasia Voltchok
Alto : Patrick Oriol
Percussion : Jean-Marie Paraire
Ingénieur du son : Ladislav Agabekov
Informations pratiques

COMME À LA PARADE
Concert abonnement n°2

Le deuxième concert de saison du Lemanic Modern Ensemble visite avec originalité les possibles d’une scène de concert. Les œuvres interprétées son multidisciplinaires dans leurs conception (Satie, Berio), ou alors magnifient à l’extrême les mondes sonores d’une scène (Ravel).

Parade – dont la saison du LME tire sa thématique – est à la base une œuvre multidisciplinaire, dont la musique n’est qu’un aspect.

Il s’agit d’un ballet, œuvre collective écrite par Jean Cocteau, sur une musique d’Erik Satie, une chorégraphie de Léonide Massine et une scénographie de Pablo Picasso. Ce ballet, dont l’inspiration vient du tableau Parade de Cirque de Georges Seurat, est créé en 1917 au Châtelet (Paris) par les ballets russes dirigés par Serge de Diaghilev.

Lors de la création la musique d’Erik Satie déplait au public. A la demande de Cocteau l’orchestre intègre machines à écrire, sirènes, claquoirs, revolvers. Cocteau décrit: «les gens hurlent, sifflent, se déchainent. Je le tiens mon scandale…. Parade est une farce acide qui mêle le cirque, la foire, le music-hall, le cinéma muet… de l’avant-garde, rien d’autre! Le public n’a pas compris Parade? Ce ne serait pas la première fois. Lorsqu’une œuvre semble en avance sur son époque c’est simplement que son époque est en retard sur elle[1] (Texte dit par Jérémie Rousseau)

Complétant l’hommage à Luciano Berio commencé lors du premier concert de saison, le LME propose maintenant une œuvre du compositeur représentative d’un art qu’il a poussé à la perfection : la transcription. 

Berio explique : «Naturale est composée entre 1985 et 1986 à partir de chants de travail et d’amour, ainsi que de berceuses provenant de différentes régions de Sicile. Chants enregistrés par Celano, peut-être le dernier véritable chanteur sicilien, que j’ai eu le privilège et la chance de rencontrer (et d’enregistrer) durant l’été 1968 à Palerme.»[2]

L’œuvre est conçue pour la danse et dérivée, en partie, d’un travail plus complexe de 1984 (Voci, pour alto et deux groupes d’instruments).

«Le processus de transcription – comme celui de la traduction – peut impliquer trois occurrences différentes: le compositeur s’identifie au texte musical d’origine ; il transforme le texte en une expérimentation analytique ; et, enfin, il l’anéantit, le déconstruit et en abuse sur le plan philologique. Je pense que le résultat est idéal si ces trois occurrences coexistent. Ce n’est qu’ainsi que la transcription devient réellement créative et constructive.»[3]

Contrairement aux autres œuvres du programme – le Concerto pour piano en Sol de Maurice Ravel est conçu comme une musique pure destinée, comme le nom de la forme l’indique, spécifiquement au concert. Composée entre 1929 et 1931 et respectant la forme traditionnelle du concerto en 3 mouvements il est l’aboutissement d’une longue gestation du compositeur qui débuta déjà en 1913.

Composé en deux ans le Concerto en sol répond à une commande de Serge Koussevitzky, et fut créé à Paris par Margueritte Long et l’orchestre Lamoureux dirigé par Ravel lui-même. Il fut accueilli très favorablement par le public et la presse. On notera le raffinement extrême de cette composition issue d’un travail d’une grande intensité. Ainsi, par exemple, au sujet du chant bouleversant du deuxième mouvement, le compositeur s’exprimait de manière forte dès qu’on évoquait devant lui cette «grande phrase qui coule» : «Qui coule, criait-il, mais je l’ai faite mesure par mesure et j’ai failli en crever!»[4]

[4] Marguerite Long, Au piano avec Maurice Ravel, Paris, Gérard Billaudot, 1971