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Archipel refleurit en jeunesse

Sylvie Bonier

Le 26e festival des musiques d’aujourd’hui a débuté ce week end à l’Alhambra de Genève. La Lemanic Modern Academy a ouvert les feux d’une édition rassembleuse

À Genève, le printemps musical s’appelle Archipel. L’événement contemporain se veut ouvert sur le monde et la diversité. Cette année, la jeunesse en est le ferment. Le premier concert du 26e rendez-vous a répondu aux attentes des mélomanes avides de modernité qui se pressaient à L’Alhambra vendredi soir.

La Lemanic Modern Academy (étudiants de la HEMU de Lausanne coachés par des musiciens de l’ensemble transfrontalier éponyme) avait l’honneur de défendre la créativité musicale actuelle. Et ils l’ont fait haut la main. Leur programme, finement dirigé par Eduardo Leandro, proposait trois oeuvres. Autant d’univers différents, mais un même élan, une belle technique et une grande sensibilité pour les révéler et les porter.

Entre le Suisse Dieter Ammann (pRESTO sOSTINAO -2006, à la généreuse et fourmillante orchestration), l’Italien disparu Giacinto Scelsi (le poème lyrique Anahit dédié à Vénus pour violon et ensemble -1965 , aux notes tenues montées en strates comme un millefeuille) et le Français Tristan Murail (le très suggestif Lac -2001, tout en clapotis pluvieux, cliquetis d’insectes, coassements de batraciens, ondes liquides ou orages sonores), les jeunes instrumentistes ont tiré les liens d’une expressivité à fleur de notes.

Accordailles et retrouvailles

Le festival ne fait que commencer. Il y a tout à parier que les découvertes de créations ou les retrouvailles avec des compositeurs et des oeuvres d’hier ou d’aujourd’hui seront fertiles. Le mot d’ordre : Ensemble ! Une nécessité que le directeur Marc Texier définit à travers « la concordance des forces, l’union des tempéraments et l’accordage des voix », dont la musique illustre aussi une forme de modèle social.

Deux grands visiteurs ont inauguré la manifestation durant le week-end. La célèbre compositrice finlandaise Kaija Saariaho et son collègue français Tristan Murail ont chacun rencontré le public. Mais neufs lieux disséminés en ville accueilleront encore une trentaine de rendez-vous, entre concerts, atelier cosmopolite, répétitions publiques, ciné-concert, spectacle dès 7 ans, présentations, salons de musique et conférences. Dix jours de fête pour une modernité multiple: il n’en faut pas moins pour faire circuler la musique actuelle entre les pères et leurs héritiers, jusqu’aux auditeurs.

On pourra donc repérer les nouvelles mouvances ou les langages singuliers des plus jeunes compositeurs apprentis dont les oeuvres seront données en création. Mais aussi savourer les échos, influences ou inspirations qui traversent et unissent les générations. Le Collegium Novum de Zurich, l’Orchestre Symphonique Ose!, les ensembles Vortex, Sillages, Batida, Vide, Proton, Ö!, Contrechamps ou Lemanic Modern donneront le la. On ira encore déguster les dernières tendances électro acoustiques avant de découvrir les six lauréats de composition de la première Académie Archipel Ose !

La cinquantaine de créateurs inscrits à l’affiche est issue du monde entier, de Genève à Tokyo. Quant au Français Maurice Ohana (1913-1992), il fait figure d’ancêtre devant le Suisse Yann Alhadeff, vingt printemps tout juste. Entre ces deux extrêmes, une foule bigarrée de compositeurs se réunira pour tisser le grand patchwork musical du monde actuel. Ensemble !…

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