13|02|19
Paris qui dort

La musique pour l’accompagnement du film Paris qui dort de René Clair, conçue comme un contrepoint à l’image au niveau temporel, est aussi « harmonisation » pour ce qui est de la psychologie des personnages autant qu’« orchestration » en tant qu’extension dans le domaine des timbres reliés à l’ambiance spécifique de chaque scène. La trame cinématographique sert de cadre formel à la musique qui suit assez fidèlement le découpage du film, adoptant pour ainsi dire son articulation dynamique. Par contre, elle ne suit pas le montage avec précision, mais plutôt anticipe, commente, soutient ou entretient le rythme provoqué par celui-ci. La thématique centrale d’une temporalité contrariée participe en outre à créer autant de refuges « hors du temps », dans lesquels la psychologie humaine, non préparée à l’expérience d’une telle réalité, est explorée avec beaucoup d’ironie et d’humour par René Clair. Les situations engendrées par le jeu sur le temps contrarié dans son écoulement ( comme le temps figé ou accéléré ) sont des situations éminemment musicales qui trouvent ici un espace de déploiement naturel et cohérent.