Dans le Dialogue de l’ombre double pour clarinette et électronique, inspiré par une scène du Soulier de Satin de Paul Claudel précisément intitulée «l’ombre double», Boulez compose une alternance de strophes et de transitions interprétées par le même instrumentiste. Si les strophes sont jouées sur scène «en direct» par la clarinette solo, les transitions, elles, ont été préalablement enregistrées et sont diffusées par haut-parleurs. Présence réelle, localisée, ou présence imaginaire, le dialogue s’instaure entre ces deux versants d’une même idée musicale. Rien de tel dans les Winter Fragments de Tristan Murail qui donnent à entendre dans ces fragments sonores, des «instantanés» d’hiver, évoquant des paysages figés sous la neige, dans une fragilité qui tend, elle, vers l’imaginaire plus que vers le concret. Le live electronic colore ou renforce en direct la sonorité de l’ensemble, lui conférant à la fois une finesse et une richesse rares. Dans Speculorum Memoria de Luis Naón pour orchestre et électronique, un autre type de relation s’instaure : celle de la «mémoire des miroirs» qui se confond ici avec les «miroirs de la mémoire» qui révèle une différence subtile : l’impossibilité de l’oubli.
PROGRAMME
Pierre Boulez
Dialogue de l’ombre double 1985 pour clarinette et électronique (18’)
Tristan Murail
Winter Fragments 2000 pour six instruments, vidéo et électronique (15’)
Luis Naón
Speculorum Memoria pour orchestre et électronique (25’)