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Scènes Magazine

Sébastien Cayet

Festival archipel : la machine à l’honneur

Début février, le Festival Archipel a dévoilé la programmation de l’édition 2018. Paradoxalement, ce rendez-vous annuel de la musique et de la création contemporaines choisit le Musée d’Art et d’Histoire de Genève comme décor, dans une salle médiévale, au milieu d’armures, d’épées et de hallebardes.

Du 15 au 25 mars prochains, le Festival Archipel explore la relation entre l’homme et la machine et propose un programme influencé par l’industrie et l’intelligence artificielle.

La musique hors des salles de concert

En plus de concerts des ensembles et orchestres invités, Archipel offre la musique sous d’autres formes, à commencer par des installations sonores.
Au Musée d’Art et d’Histoire, des installations plastiques et sonores d’Arno Fabre seront présentées pendant toute la durée du Festival.
Dans une salle, un « orchestre » de 30 jambes mécaniques fera entendre frottements, claquements, piétinements, pendant que, dans une autre salle, six robots parleurs déambuleront et converseront.
A l’Alhambra, ce sont des installations poétiques et sonores de Nathalie Preisig qui seront visibles. Un clavier d’ordinateur, programmé, écrit un poème constitué de huit lettres différentes seulement, dont le décryptage ne peut se faire qu’en observant l’ordre des lettres actionnées par et sur le clavier.
Egalement à l’affiche lors de cette édition, deux ciné-concerts : le samedi 17 mars à 20h, le film muet Maudite soit la guerre (1914) sera accompagné de A Film Music War Requiem, une création de la compositrice autrichienne Olga Neuwirth, interprétée par l’Ensemble 2e2m, sous la direction de Pierre Roullier.
A 21h30 le même soir s’ensuit une projection du film futuriste Metropolis de Fritz Lang.
Celui-ci s’accompagne d’un remix de Xavier Garcia, mêlant des samples de Iannis Xennakis et du DJ Richie Hawtin.

Mission de transmission

Par différents moyens, Archipel s’adresse à un public jeune.
D’abord, la création du spectacle Entre chou et loup au Théâtre Am Stram Gram, le vendredi 16 mars à 19h. Tout public à partir de 6 ans, ce spectacle voyage dans les émotions contrastées d’une flûtiste et d’une violoncelliste et nous entraîne dans un univers décalé.
Par ailleurs, les élèves de la Confédération des écoles genevoises de musique sont mis à contribution pour une exécution de Tierkreis de Stockhausen à la Fonderie Kugler le mardi 20 mars à 19h. Ce cycle de douze mélodie symbolise les douze signes astrologiques et font intervenir instruments et danseurs.
Cette année encore, le Festival Archipel organise une académie de composition pour huit jeunes talentueux compositeurs.
Dirigée par les compositeurs Michael Jarrell et Stefano Gervasoni, l’académie de composition porte sur l’écriture de quatuors à cordes et donnera lieu à la création des œuvres par deux quatuors à cordes de renommée internationale : le Quatuor Béla et le Quatuor Asasello. Rendez-vous à la maison de paroisse de Saint-Gervais le dimanche 25 mars à 11h et 14h.

Sélection de concerts

Parmi les concerts à ne pas manquer, on retrouve celui du vendredi 16 mars à 19h à l’Alhambra. Le Lemanic Modern Ensemble, habitué du Festival, dirigé par William Blank, crée Capriccio ostico de Stefano Gervasoni, œuvre dans laquelle le compositeur place volontairement l’interprète dans une situation d’inconfort vis-à-vis de son instrument, et Machina Humana de David Hudry, qui utilise simultanément les sons des instruments acoustiques de l’ensemble, traités en direct par transformations électroniques, et des sons concrets enregistrés dans des usines de décolletage de la vallée de l’Arve.

Le vendredi 23 mars à 19h, au Studio Ansermet, l’Ensemble Contemporain de l’HEMU, sous la direction de Pierre Bleuse, interprètent des œuvres phares du XXe siècle, Xas de Xenakis, pour quatuor de saxophones, Harmonia, pour seize vents, harpe et percussion d’Ising Yun, ainsi que des œuvres d’Edgar Varèse : Intégrales et Déserts, qui provoqua un tollé lors de sa création en 1954.
Enfin, le concert de clôture du dimanche 25 mars à 17h, assuré par l’Orchestre de Chambre de Genève et dirigé par Arie van Beek, fera résonner un ensemble de téléphones dans le Victoria Hall. Le fameux thème de la Symphonie N°9 de Beethoven est joué et transformé par un choeur de smartphones dans Geek Bagatelles de Bernard Cavanna.
Retrouvez le programme complet des concerts, conférences, spectacles et salons musicaux, ainsi que les différents ensembles et solistes invités sur www.archipel.org.

Sébastien Cayet