Scroll Top

Théâtre et cinéma à Aix-en-Provence : de Cassandre à Staline le talent de Fanny Ardant frappe deux fois

Jean-Rémi Barland

Une actualité aixoise chargée et multiple pour Fanny Ardant qui, sur tous les fronts a enthousiasmé les différents publics venus l’applaudir d’abord au Grand Théâtre de Provence (GTP) où elle interprétait « Cassandre » de Christa Woolf et ensuite au Cinéma Le Renoir où elle présentait son film « Le divan de Staline » tiré du roman de Jean-Daniel Baltassat, qui fut dans sa jeunesse étudiant aixois. Même rigueur, même fantaisie, exigence égale, Fanny Ardant est une artiste qui secoue les consciences, séduit les cœurs et envoûte les âmes.

Fanny Ardent au GTP d’abord avec cette « Cassandre » donnée deux soirs où Pierre Bleuse à la tête du Lemanic Modern Ensemble offre une direction d’orchestre d’une grande précision qui accompagne les mots du texte sur une musique originale signée Michael Jarrell. La scène se déroule en Grèce, à Mycènes. La Guerre de Troie vient de s’achever. Agamemnon rentre en triomphateur. À ses côtés, sa captive et sa concubine : Cassandre. Agamemnon ne le sait pas mais, il n’a plus que quelques minutes à vivre. Cassandre, elle, le sait. Elle sait tout, depuis toujours. Et la prophétesse, la bien-aimée d’Apollon qui trahit le dieu des oracles, porte ce savoir comme le plus cruel des châtiments. Dix ans durant, sans que nul ne puisse la comprendre ou la croire, il lui fallut voir approcher la destruction de sa cité. Et maintenant, voici venu l’instant de sa propre mort. « Maintenant je peux mettre à l’épreuve ce à quoi je me suis entraînée toute ma vie : vaincre mes sentiments par le moyen de la pensée. » Vaste programme pour une Fanny Ardent qui affirme : « Être adulte, c’est choisir de se perdre soi-même. » Jeu de grande ampleur, voix grave mais pas trop, plutôt celle d’un alto, la comédienne défend ici la cause de toutes les femmes brisées par la guerre. Et rend son personnage de la Grèce antique si vivant, si proche de nous, que la pièce touche à l’universalité des consciences.

[…]

Imprimer l’article pour le lire hors ligne.